À la rencontre des beaux arbres de Nîmes

Le micocoulier de Provence

Texte de Véronique Mure

Place d’Assas - Square de la Bouquerie (©photos Francis Bonnefont)
Nîmes est la ville du micocoulier de Provence, c’est de notoriété publique. C’est le fanabreguièr en occitan. Mais aussi le bélicouquié, Celtis australis en latin. S’il a longtemps appartenu à la famille de l’orme (les Ulmacées ou Ulmaceae), il fait désormais partie de la famille du chanvre, les Canabacées (ou Canabaceae).

D’où vient-il ?

Le micocoulier provençal est un grand arbre indigène à la méditerranée, aimant les sols bien drainés et ensoleillés. C’est une essence secondaire des forêts claires, des lisières, des bords de chemins dans des milieux pas trop humides mais pas complètement arides non plus. A Nîmes on trouve un autre micocoulier. Le micocoulier de Virginie (Celtis occidentalis). Moins fréquent, il se reconnait surtout à son écorce crevassée, au contraire de celle du micocoulier provençal, assez lisse. Il fut introduit en France au milieu du XVIIe siècle.

Qu’est-ce qui le caractérise ?

Son tronc présente une écorce lisse et grise. Légèrement évasé à la base, il évoque pour certain une patte d’éléphant. L’organisation des rameaux est distique, ou pour le dire plus simplement en « arête de poisson ».
Les feuilles sont rêches. Ce qui lui vaut le nom de d’arbre aux feuilles d’ortie en Angleterre (Nettle tree). La base du limbe est légèrement dissymétrique comme celle de l’orme. Son feuillage caduc procure une belle ombre. Une qualité recherchée dans les villes du Midi. Il fut autrefois utilisé comme fourrage.
Ses fleurs printanières sont discrètes, petites et sans ornement (Apétales). Elles sont pollinisées par le vent (Anémogames). Elles éclosent en même temps que le feuillage, voire un peu avant. L’arbre est globalement monoïque, avec des fleurs femelles et des fleurs hermaphrodites.

Les fruits sont des petites drupes (fruit charnu à noyau) longuement pétiolées qui murissent en fin d’été mais persistent sur l’arbre jusqu’aux premières gelées. Ils sont recherchés par les oiseaux mais aussi par les hommes malgré le peu de pulpe à manger, leur goût un peu fade et la difficulté de leur récolte compte tenu de la hauteur des branches productrices. Autrefois, les jeunes gens consommaient les micocoules comme passetemps en faisant le tour des boulevards. Frédéric Mistral en témoigne dans son œuvre « Lou Tresor dóu Felibrige », publié à la fin du XIXe siècle. Les plus jeunes s’en servaient pour « armer » leurs Esclafidous…

Les Nîmois savent aussi que les micocoules, récoltées après les premiers froids produiront une liqueur, appelée « fiole sauve-chrétien » ou « liqueur des fenêtres » car les petites drupes devront macérer quarante jours sur le rebord de la fenêtre la plus ensoleillée du foyer.

Usages du bois

Son bois, souple et clair, imputrescible, est cultivé dans certaines communes méditerranéennes. Ainsi, Sorède dans les Pyrénées-Orientales est réputée pour sa fabrication de fouets et cravaches torsadés en bois de micocoulier. Tout comme Sauve dans le Gard est réputé ses fourches depuis le XIIe siècle.

En 1744, Léon Ménard vante les qualités de ces fourches gardoises, très commodes à cause de leur légèreté. Une production encore active aujourd’hui et même prisée par les haras pour tourner la paille des chevaux sans risque de les blesser.

Symbolique

Le micocoulier de Provence est l’arbre sacré du Languedoc oriental, l’arbre des Celtes du sud, ces Volques Arécomiques dont on se souvient qu’ils furent à l’origine de la fondation de la ville de Nîmes et qu’ils en firent leur capitale. L’étymologie de son nom occitan, fanabreguièr, confirme cette symbolique (du latin fanum, le lieu sacré, et du celte bren, l’arbre ou brogilus, le bois). Il est ainsi souvent associé aux édifices religieux. Les Gaulois trouvaient en lui des vertus de force éternelle.

Chez les Romains, le micocoulier était associé au culte de la déesse Diane.

L’étude plus complète est disponible:  ici 

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Un tel arbre existe à l’intersection du chemin du mas de Balan et de la route d’Alès..
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