À la rencontre des beaux arbres de Nîmes

Les érables

Texte et photos de Philippe Ibars

D’où vient-il ?

Originaires principalement d’Asie de l’Est, les érables se sont répandus dans l’hémisphère Nord il y a plusieurs millions d’années, notamment lors des glaciations du quaternaire qui ont favorisé les migrations végétales.
En France, leur présence est attestée depuis l’époque tertiaire.

Quatre espèces y dominent : l’érable sycomore (Acer pseudoplatanus), l’érable champêtre (Acer campestre), l’érable plane (Acer platanoides) et l’érable de Montpellier (Acer monspessulanum).
Au XVIIIᵉ siècle, d’autres espèces d’érables d’Asie et d’Amérique sont importées comme le célèbre érable palmé du Japon (Acer palmatum), aux teintes rutilantes, l’érable argenté (Acer saccharinum) ou l’érable rouge (Acer rubrum). À Nîmes, l’érable champêtre et l’érable de Montpellier sont les plus courants. L’érable de Montpellier, espèce emblématique des régions méditerranéennes, a été nommé initialement agast en occitan par Pierre Magnol (1638-1715), pionnier de la botanique moderne. Mais c’est, bien avant, en 1586, que le médecin botaniste Jacques Daléchamps a mentionné sa découverte dans une forêt près de Montpellier Leur résistance à la sécheresse estivale en fait des alliés précieux pour l’aménagement paysager en climat méditerranéen, à l’instar de celle du micocoulier. Dans les jardins de la Fontaine, d’autres espèces d’érables ont cependant été invitées, il y a près de 70 ans, comme l’érable pourpre et d’autres variétés d’érables du Japon.
Le mot érable vient du latin acer, « pointu », en référence à la forme acérée des feuilles ou à la dureté du bois. Ce nom a donné celui du genre botanique Acer, retenu par Linné au XVIIIᵉ siècle. Le genre Acer regroupe plus de 160 espèces d’arbres et d’arbustes et appartient à la famille des Sapindacées, autrefois classée dans les Acéracées. En occitan, l’érable porte de nombreux noms selon les régions, comme agar, agas, agast, arable, arablon, argelabre, asarot, aurable, azerou, erablon, bali, plai, violonièr.

Qu’est-ce qui caractérise l’érable ?

L’érable qu’on remarque surtout en automne avec sa flamboyance, mesure entre 5 et 45 mètres selon les espèces. L’érable sycomore est le plus grand de la famille.
Son tronc, droit, robuste et élancé, porte une écorce d’abord lisse et grisâtre puis crevassée avec l’âge. Le houppier buissonnant forme une couronne arrondie offrant une ombre généreuse. Le feuillage est caduc. Les feuilles, opposées et palmées, comptent trois à sept lobes pointus, souvent symétriques ; elles prennent à l’automne des teintes dorées, rouges ou ambrées, pour le plus grand plaisir des photographes, canadiens notamment !
Les fleurs, petites et verdâtres, groupées en bouquets, s’épanouissent au printemps avant le feuillage. Elles deviennent des akènes appelés samares, disamares, plus trivialement hélicoptères, ou pince-nez, formées de deux ailes qui tournoient dans l’air avant de retomber — une merveille de dissémination naturelle.
Les érables préfèrent les sols profonds, bien drainés, légèrement calcaires. Ils craignent la sécheresse extrême et les sols gorgés d’eau. Leur rusticité les rend résistants aux hivers froids et certaines espèces méditerranéennes, comme l’érable de Montpellier, supportent mieux la sécheresse.
Parmi ses ravageurs, on compte pucerons (le puceron lanigère de l’érable), cochenilles, mineuses et, plus récemment, le tigre du platane ou la chenille de la livrée des forêts, calamiteuse dans certaines érablières canadiennes. Les maladies fongiques, comme la verticilliose, peuvent également les affecter, surtout en période de stress hydrique.

Usages

Menuiserie et ébénisterie, lutherie

L’érable n’est pas qu’un arbre d’ornementation. Son bois est apprécié pour sa dureté et sa finesse de grain. On peut l’employer dans le tournage, la menuiserie, l’ébénisterie, la marqueterie et la lutherie. Dans ce domaine, l’érable compose la plus grande partie de la structure d’un violon : le fond, les éclisses, le chevalet, le manche et la volute. Ce sont les érables ondés ou flammés qui sont sélectionnés pour leurs qualités esthétiques et acoustiques.
De nombreux « guitar heroes » comme Jimi Hendrix, Éric Clapton ou Mark Knopfler ont joué ou jouent sur des manches de guitares électriques en érable !

Autres utilisations

Sirop d’érable : L’érable à sucre ou érable franc (Acer saccharum), fournit la sève sucrée transformée en sirop d’érable. Cet érable nord-américain peut vivre jusqu’à 250 ans. Sa feuille stylisée figure sur le drapeau du Canada. L’érable à sucre est également l’arbre emblème de l’État de New York, de la Virginie-Occidentale, de l’État de Rhode Island du Wisconsin et du Vermont.

Écologie : Même si ce sont des essences secondaires, les érables jouent un rôle clé dans les écosystèmes forestiers, offrant gîte et couvert à de nombreuses espèces animales comme les écureuils et participant à la régénération des sols.
L’érable est enfin un arbre symbolique, arbre de la liberté et de l’indépendance.
Il incarne la mesure, l’équilibre, la douceur de l’ombre tempérée.
Dans nos paysages du Midi, il relie les essences du Nord à la garrigue méditerranéenne, entre chênes, micocouliers et oliviers.

Un tel arbre existe 91 rue Pierre Semard.
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